Avec mes compagnons, nous avons passé quelques jours dans le palais d'Erevan Marchétoiles afin qu'il puisse organiser, et faire savoir, la cérémonie de l'Elathel.
Nous en avons profité pour faire plus amples connaissance. Ce sont des héros et j'ai de la chance d'être à leur coté en cette période sombre. Ils sont compétents, farouchement libre d'esprit et ils tentent à leur façons de rendre ce monde meilleure. J'espère pouvoir influencer positivement leurs vies et leurs actions.
La cérémonie de présentation à l'Elathel est un acte politique, servant tout autant à honorer qu'à affirmer son pouvoir, mais je ne suis ni assez sage ni assez intelligent pour comprendre toute les subtilités de cette décision. Il y avait beaucoup de monde pour regarder cet échec, mais comme vous le savez peut-être, ce ne fut pas tout à fait le cas.
La cérémonie varie d'une famille à l'autre, aussi voici celle de la famille Marchétoile.
L'Eathel est gardée dans un cercle magique. En son centre une éclipse sur laquelle l'épée est posée, la bordure du cercle étant parsemée de différents symboles : une corneille, un loup (pour la féérie d'après Pater), une étoile (pour la famille Marchétoile), un crâne (représentant davantage un élément cosmologique, le plan où les âmes vont après la mort, que la mort elle même d'après Ginger). Un autre symbole échappait encore à notre compréhension à ce moment : des ailes d'anges sur une épée.
Située dans les souterrains de pierres du palais, la voix du seigneur des lieux résonne d'un discours de son cru afin d'introduire la cérémonie. Puis il demande à celui, ou ceux, qui sont honorés s'ils sont dignes de devenir le porteur de cette belle lame ; question à laquelle une réponse positive est attendue bien évidemment.
Enfin, les honorés doivent réciter par cœur un texte dans une langue inconnue.
Mais, comme je vous l'ai déjà écrit, mes compagnons sont des esprits libre et des érudits. Lorsque les mots nous ont été donnés afin que nous les apprenions, ils ont mis leurs connaissances en commun afin de comprendre le texte qui était une forme ancienne et étrange de Sylvain :
Je serai fidèle aux enseignements de la Corneille et j’observerai ses commandements. Je ne renierai pas d'où je viens. Je ne fuirai jamais devant l'ennemi. Je combattrai avec acharnement ceux qui souillent le monde. Je remplirai mes devoir féodaux, à condition qu'ils ne soient contraires à la volonté de la Corneille.
Lorsque nous avons prononcé les mots durant la cérémonie, le temps s'est figé autour de nous.
Nous étions dans le cercle, avec la lame à nos pieds. une barrière de flammèches noires s'est formée ressemblant à la substance qui entourait les créatures féériques que nous avions rencontrées quelques jours plus tôt. Une forme humanoïde est alors apparue tenant l'épée dans sa main. Elle était également recouverte de cette étrange ombre.
Cette créature nous a salué et a prononcé ces mots, tout simple, mais qui resterons à jamais gravé dans ma mémoire : "Ardanon tu as été choisi. Amis d'Ardanon, le soutiendrez vous dans son épreuve ?"
Lorsque nous avons tous acquiescé, un peu surpris, elle s'est mise en garde et nous a défiés. Seule contre nous quatre. Le combat fut littéralement pris en main par Pater qui se transforma en ours blanc et abattit toute sa rage sur la créature. A chaque coup, les ombres disparaissaient, laissant apparaître un homme cuirassé d'un harnois ouvragé. L'ombre m'avais pris pour cible et sans les soins de Ginger, je pense que je n'aurais pas survécu à cette épreuve. A force du soutien des notes de musiques de la barde, des coups de l'ours polaire, de la ténacité d'Aldéïr et de la volonté des âmes venues me soutenir pour que le Bien triomphe, nous avons fini par vaincre la créature et par dissiper toute l'ombre qui la recouvrait. Et le visage qui apparut alors était le mien. Plus âgé, plus marqué par les combats et le temps, mais bel et bien le mien.
Cette version de moi s'agenouilla et m'offrit l'épée et lorsque je posais la main sur la garde, 2 nouvelles runes apparaissaient sur la lame : un crâne noire et des ailes blanches.
Le temps repris alors son cours. L'assemblée n'avait rien vu de cette épreuve. Pour eux, l'épée avait flottée jusqu'à ma main, et je l'avais empoignée révélant les deux runes et mettant fin ainsi à plusieurs siècles sans porteur à l'Elathel de la famille Marchétoile. Ils étaient abasourdis, choqués. Et je l'était également, mais par respect pour eux, pour ce que cela représentait, je ne devais pas faillir ou montrer un quelconque signe de faiblesse. Je brandissais l'épée, pointe vers le ciel, victorieux. L'Elathel avait fait un choix et je me devais de l'honorer. Jusqu'à ma mort.
Le Seigneur Erevan et sa dame Laeria demandèrent alors à nous parler en privé. Ils n'avaient pas prévu ce revirement de situation. J'était désormais d'autant plus un représentant des Marchétoile que la rumeur autour du porteur allait se répandre dans la région. Et rien ne permettait d'expliquer pour l'heure pourquoi l'Elathel m'avait choisi. Je n'étais pas lié à eux, les Marchétoile ne prenant pas d'amants ou d'époux chez les humain et mes récentes déclarations ayant jetées davantage un froid que de m'avoir poussé dans les bonnes grâces. Mais c'était bien là un choix fort de l'arme légendaire et le seigneur ne pouvait l'ignorer. Tout comme j'avais fait vaciller ses convictions par mon discours quelques jours plus tôt, l'arme appuyait mes propos et choisissait un champion du Bien. Erevan pris congés pour aller s'entretenir avec ses sujets, pendant que Dame Laeria lui proposait d'organiser la suite des évènements, préservant ainsi les secrets qu'elle souhaitait toujours dissimuler à son époux.
Les mensonges. Vouloir les nier me paraît enfantin. Ils existent et parfois sont nécessaire lorsque des enjeux supérieurs doivent être protégés. Mais, il est à mon sens simpliste que d'imaginer qu'ils ne seront jamais découvert, d'autant plus quand autant de personnes sont impliquées et que de l'affect est en jeux. Il ne fait aucun doute que le seigneur elfe apprendra un jour les manœuvres de son épouse pour cacher ce quie est réellement arrivée à sa fille. J'ai vécu une parte de ma vie simplement parmi le peuple et les mensonges ne tenaient pas dans l'adversité ou dans le temps. Or un seigneur, elfe de surcroit, côtoie âprement les deux. Aldéïr me rejoint dans mes propos, mais à sa façon. Il est également noble et refuse de mentir au Seigneur, protégeant à la fois son intégrité et sa famille. Et peut être aussi sa liberté.
Pour Erevan, nous partons à Tyl'Aranaur afin d'enquêter sur l'attaque étrange contre un de ses villages. Mais pour Laeria, nous somme la bas pour retrouver l'homme masqué et le cor de la famille. Les deux enquêtes sont liées et elle espère que nous ramènerons l'objet en toute discrétion. Je ne souhaite pas débattre plus longuement à ce sujet. Aldéïr conclue qu'il ne fera ses rapports qu'à elle, afin de ne pas mentir au Seigneur. Je suppose qu'il s'agit là d'un jeu que je ne comprends qu'en surface, aussi je n'y participe plus. Je n'en connais pas les règles. Mais j'ai mon propre objectif.
Et je vous conseille de faire de même : gardez toujours votre objectif en tête. C'est une torche qui doit toujours éclairer votre chemin. Le plus Grand Mal doit être vaincu, les morts doivent être vengés. Se taire est parfois la bonne chose à faire si vous ne savez pas quoi répondre. On pourra vous accuser d'avoir menti par omission ou d'avoir laisser faire, et c'est acceptable. Tant que vous gardez ce plus grand objectif devant vos yeux.
Avant de partir pour la capitale elfique, je demande à voir la jeune Elsë. Je veux m'assurer qu'elle va bien après quelques jours et c'est effectivement le cas. Lorsque je l'interroge sur les souvenirs de son voyage vers Tyl'Aranaur, elle avoue que ces dernières semaines sont encore floues. Elle se souvient de la cité, du palais aux dômes émeraudes des Verteflammes, des cascades avoisinantes, d'avoir participé à un bal. Mais aussi, des pleurs et de la tristesse de sa mère après l'avoir blessés avec des mots durs et des comportement inappropriés. Et enfin de la longue route pour aller au village, d'une éclipse , des ombres qui se déplaçaient autour d'elle et de nous, formes de lumières.
Ces souvenirs la hante mais elle en sortira plus forte. Aldéïr remarque une bague sertie d'une émeraude passée au doigt d'Elsé. Certainement un cadeau de la famille Verteflammes. Mais je ne ressent plus aucune corruption abyssale. Je prends congés de la descendante Marchétoile en invoquant sur elle la bénédiction de la lumière et de ceux qui sont mort. Puisse t'elle vivre des moments pleins de joies et de bonté à partir de maintenant. Et vivre sa vie d'enfant.
Hadaraï Verteflammes, présent comme toujours, est resté un peu à l'écart mais nul doute qu'il n'a rien manqué de la conversation. Un loup dans les ombres. Reste à savoir quel est sa place et sa fonction dans la meute.
La cité de Tyl'Aranaur, capitale des elfes, le joyau de l'Ouest. C'est la première fois que je visite cette cité. En émergeant du portail magique qui nous a téléporté jusqu'à la place des arrivées, je ne peut qu'être impressionné par cette ville. Tout semble calme, paisible. La Cité entière est construite en harmonie avec la nature. On a l'impression d'être au milieu d'une forêt. Il n'y a pas de rues, mais des ponts, des cours d'eaux, de la verticalité. On passe d'un bâtiment magnifique à un autre édifice grandiose. Les enfants jouent insouciants, les gens sourient et sont courtois. Un havre de paix dans lequel se cache possiblement le responsable du meurtre d'un village complet.
Nous sommes accueillis par Katlina Elunaur, prévenue directement par dame Laeria. Elle sera notre guide dans cette ville qu'elle connaît par cœur. Elle nous informe également que nous sommes conviés à un grand bal masqué qui aura lieu ce soir. Organisé par les Marchétoiles, le roi et la reine des elfes seront également présent. Un honneur supplémentaire, même si ces bals semblent être monnaie courante. Ce sera le premier pour moi. et je ne peut empêcher de penser à Elsë. Toujours garder son objectif en tête. Je dois venger son innocence brisée.
Katlina nous fait traverser la Cité pour nous rendre au Hall des El'hirin, notre destination première. Avec mes compagnons, nous espérons pouvoir récupérer des informations ou faire déclencher un processus de réclamation qui existe selon dame Laeria. En chemin, nous croisons le palais des Vertflammes aux dômes d'émeraudes. Aldéïr souhaite y passer avant le bal, mais après que nous ayons suivi notre première piste.
La Cité est vraiment magnifique et j'espère que les années n’altéreront pas son éclat et cette impression que l'humble voyageur que je suis ressent en ce jour. Katlina nous explique que la criminalité est inexistante ici et que la Cité est un centre du Savoir, avec une académie de magie. Toutes les races sont les bienvenue, mais je ne croise que des elfes. Le Roi Eledil Aranaur (flamme noble) règne depuis 2500 ans à l'heure ou j'écris ces lignes et il laisse beaucoup de libertés aux familles nobles. Je ne suis pas au fait de la politique, mais il semblerait que cela n'altère pas pour autant son poids dans les décisions pour mener son peuple. Il fait peu d'édits ou de déclarations mais lorsqu'il s'exprime, il est suivi par tous et obéi à la lettre. Preuve que son influence est puissante.
Le Hall des El'Hirin a l'une des extrémités de la cité est composé de 2 bâtiments, le principal et l'annexe dans laquelle sont stockés leurs archives.
La guilde est bien organisée et reçoit les visiteurs dans une procédure policée et maîtrisée. L'elfe à la robe dorée nous explique le fonctionnement de la guilde derrière son pupitre de marbre blanc. Nous lui faisons part de la situation, à savoir que nous souhaitons retrouver l'elfe au masque clair, maître des "arts obscurs" avec qui dame Laeria a été mise en relation lors d'un précédent contrat. Il nous apparaît rapidement que la procédure de réclamation est inadaptée car elle peut durée des années. La guilde protège son fond de commerce avec des rituels d'Oubli, aussi pour pouvoir remonter toutes les pièces d'une affaire, ils doivent défaire plusieurs rituels et en refaire après avoir consulté les registres.
Aldéïr propose alors de introduire discrètement dans les archives pour les consulter nous même. Cette idée me déplait, car pour le moment je n'ai pas assez d'éléments qui me permettrait d'envisager de nuire à cette guilde. Ils semblent respectables et ne sont pas responsable de ce qui est arrivé. De plus, les bibliothèques ne sont pas un endroit dans lequel je sais évoluer et retrouver le bon manuscrit me semble une affaire irréalisable.
Cependant, à mon grand étonnement, Katlina intervient et annonce que sa première occupation est architecte et qu'elle a participée à construire le Hall. Elle nous fait également comprendre que ce type d'opération clandestine est à sa portée, preuve que ses mains sont aussi agile que ses oreilles sont fine pour avoir entendue notre conversation. Et que dame Laeria est prête à tout.
Une fois encore, je préfère me taire. Je ne suis pas à l'aise, ce n''est pas mon champ de bataille habituel. Ginger, par contre, est bien trop à l'aise et commence à échafauder quelques plans qui sortent bien trop vite à mon goût. Je préfère mettre ça sur le compte de l'expérience de héros qu'ils ont accumulés. Des esprits libres.
Force est de constater que cette effraction n'est pas appropriée pour le moment. Nous venons d'arriver dans la Cité, je suis le porteur de l'Elathel des Marchétoiles et nous représentons cette famille. Si jamais cela tournais mal, nous mettrions à mal la suite de notre enquête. Nous convenons que ce plan sera celui de la dernière chance, au grand regret de Ginger qui s'imaginait surement déjà mettre tout ceci en chanson. Pour le moment, nous décidons de changer notre plan et de voir si la famille Verteflammes peut nous aider à trouver cet étrange homme masqué. Et sinon, nous reprendrons la voie la plus simple : enquêter et interroger ceux qui sont susceptible d'avoirs des informations. Tavernes et auberges, tenanciers et bardes, rumeurs et pièces d'or, instinct et méthodologie. Le Mal laisse toujours des traces derrière lui.
Le palais des Verteflammes aux dômes émeraudes, surplombés par des cascades est un spectacle à la hauteur de la Cité. Aldéïr nous introduit auprès de sa mère Finndaël Verteflammes. Son père, Lylandec, le seigneur le plus important des anciens de la famille est absent. Il se trouve dans la cité marchande de Tych-Tai-Mog, située au delà du grand lac à l'Est, arrangeant des accords avec la famille Melonangol.
La mère d'Aldéïr est une elfe avenante et heureuse de revoir son fils. Je ne sens aucune corruption en elle et son comportement me semble bien éloigné de celui d'Hadaraï, ou même celui de d'Aldéïr. La discussion qui s'ensuit est habilement superficielle, tout en nous donnant suffisamment d'information pour combler quelques unes de nos attentes. Je pense qu'elle en a appris davantage sur nous que nous sur elle. Elle est juste bien plus habile que moi, et que nous tous, dans l'art de la conversation.
Elle connaît la jeune Elsë mais ne peut nous dire grand chose sur sa venue, car elle était elle-même à Tych-Tai Mog à ce moment. Elle nous renvoi vers le chambellan qui en saura davantage, et qui lui était présent. L'accord qui lie les Marchétoiles et les Verteflammes est confidentiel mais elle nous confirme que c'est le Conseil des Anciens qui avait demandé il y a plus de 200 ans, lorsque Hadaraï a été placé, à rencontrer la jeune fille. Elle n'était donc pas encore née. Une étrangeté de plus liée aux Verteflammes dans cette affaire. Tout ceci est bien trop suspect.
Le chambellan, Paelias Verteflammes s’avère être un personnage qui en sait bien plus qu'il n'en dit. Et il me le fait comprendre. Occupé par les préparatif du bal à venir, il élude les questions sure la venue d'Elsë mais personne n'est dupe. Je ressent la corruption en lui mais également dans les murs du palais. Quel que soit le secret de cette famille, il le connaît et en est même l'un des rouages. Il est lié à ce qui est arrivé à la jeune Marchétoile et j'ai même l'impression qu'il s'en délecte d'une certaine façon. Je sens presque les esprits des morts en attente de vengeance s'inviter dans ma main qui repose sur le pommeau de l'Elathel. Mais il est chez lui, tout puissant serviteur d'une famille dans les bonnes grâce du Roi des Elfes. En d'autre temps, je sais que je l'aurais transpercé de ma lame. Mais je ne suis plus un monstre et mes actes engageraient également mes compagnons. Je ravale ma colère et le félicite sur son travail exemplaire de Chambellan, personne responsable du bon fonctionnement de tous les rouages du palais. Il mérite ces louanges, et il est important de toujours recevoir ce que l'on mérite lorsque le moment est venu.
La colère reste tout de même en moi et lorsque nous quittons le palais, j'informe Aldéïr de ce que j'ai ressenti en terme de corruption dans le palais de sa famille et dans son chambellan. Je ne sais pas quelle était ma vrai motivation à lui faire cette révélation. Bien sûr, c'est parce qu'il est un compagnon de valeur dans cette traque, et que je me devais de lui faire part de mes intuitions. Sa famille est liée à un mal profond et le fait perdurer. Mais peut-être aussi attendais-je une réaction violente de sa part pour trouver une raison de sortir mon épée. Quelque chose de simple, de viscérale avec la mort au bout du chemin. Mais il n'en fut rien et je ne le regrette pas. Non par crainte de la mort, car il m'aurait certainement vaincu, mais si je l'avais emporté grâce à l'Elathel, qu'est-ce que cela aurait fait de moi ? Tuer quelqu'un sans preuves, juste par instinct, juste pour combler sa frustration, n'est-ce pas la la définition même d'un monstre ? Et je ne le serais plus. Jamais plus. Tout comme je refuse que d'autres se permettent d'en devenir.
La famille Verteflammes n'a pu nous aider à identifier ce maître des "Arts Obcurs", mais dame Finndaël nous a tout de même orientée vers l'Académie de Magie en nous faisant parler et raisonner autour de cette appellation étrange des "arts Obscurs" qui peut avoir de multiples significations. Si nos intuitions sont bonnes, cet elfe masqué a un rapport avec la magie, et peut-être même avec la Gisombre. Aussi, la place du Savoir de la capitale nous semble être une destination de choix avant de nous rabattre sur les auberges et les voyageurs. Et c'est dans les pas de Katlina que nous arrivons à un vaste ensemble de bâtiments et de jardins somptueux dans lesquels s'entrainent et échangent des dizaines d'érudits, novices et professeurs versés dans les arcanes.
Il y a des magiciens, des bardes, des sorciers et même des paladins qui se côtoient ici. Je les vois s*entrainer, l'épée au clair, manipulant des énergies de lumière et de pureté. J'ai envie d'aller les voir. J'ai envie qu'ils me voient et qu'ils m'acceptent. Mais pourquoi. Pourquoi leur infliger ça ? Certain auront de la compréhension et de la compassion. D'autres auront du mépris. Dans ces deux cas, c'est acceptable. Mais si certains ressentaient un doute en me voyant, remettaient en cause leur propre vision du Bien à cause de mon serment de vengeance. Bien loin de leur pureté, bien loin de leur humilité et de leur dévotion ? Je ne saurais l'accepter. Ils doivent rester ces symboles de bienveillance, de phare dans la nuit. Et je dois donc me tenir à l'écart. Une part de moi voudra toujours leur ressembler, mais tel est le prix que j'ai accepté de payer, rester dans l'ombre pour qu'ils puissent continuer à illuminer le monde leur lumière.
Ginger m'apprends que son collège du Savoir comprends plusieurs membres à travers le monde et qu'il lui sera aisé d'en trouver un dans un endroit pareil. Quelques minutes plus tard, nous remarquons un professeur arborant sur les revers de sa cape le symbole de reconnaissance des membres : un disque découpé en 4 parties et entouré d'un cercle de lierre tressé. Les 4 portions du disques sont brodés de 4 personnages différents. Elle nous explique que les membres ont pour tradition de représenter 4 personnes importantes ou inspirantes pour eux. Par défaut, les 4 personnages sont un barde, un mage, un druide et un clerc.
Aussi, ami lecteur, si vous souhaitez avoir des informations de personnes érudites, cherchez ce symbole.
Le professeur Tilius Kaernel s'avère être un homme affable, et la présence d'un de ses confrères du Collège du Savoir le rend très disposé à nous aider. La chance étant de notre côté, il s'avère que sa spécialité est l'astronomie. Lorsque nous l'interrogeons sur l'éclipse, il nous confirme qu'elle n'était pas prévue et qu'il existe différentes interprétations de ce phénomène.
La plupart de ses confrères pensent qu’il s’agit d’une manifestation magique ou divine. Quant à lui, il défend une théorie plus physique dans le sens où il pense que c'est un objet céleste qui viendrait cacher le soleil. Un groupe de recherche s'est formé pour étudier le phénomène mais sans succès à ce jour. Il est récent, imprévue et peu, ou pas documenté. Ce qui existe sur ce type évènements ayant eu lieu dans le passé doit se trouver dans la grande bibliothèque de la Cité des 3 couronnes. Or, elle est inaccessible depuis des évènements récents, ce que confirme Ginger. Le portail y menant a été verrouillé sur l'ordre direct du Roi des elfes en personne, ce qui ne fait qu'appuyer que le fait est grave.
Ginger rajoute de surcroit qu’elle a pour projet de transférer le savoir de la bibliothèque vers un village gnome non loin de la Cité des 3 couronnes. Ce projet demandera de la ruse et de moyens, mais la barde a l'air déterminée. Et le professeur semble sensible à ce projet, bien qu'il ne réenchérisse pas sur le sujet. Je ne sais pas ce qu'il adviendra dans le futur, mais je ressent la sincérité de Ginger dans ses paroles et j'espère qu'elle y arrivera. Son âme est pure et une bibliothèque tenue par elle serait certainement un atout pour le Bien et les combattants du Mal. Et qui mieux qu’un barde bienveillant pour garder les souvenirs de ceux que nous n'avons pas pu protéger, pour que leurs histoires résonnent à nos oreilles et nous inspirent.
Nous décidons de continuer a exploiter les connaissances de Tilius Kaernel et lui confions ce que nous avons observé en partie près de l'éclipse, mais également notre recherche de cet elfe masqué et du lien de toute cette affaire avec la Gisombre. Nous essayons de réduire au maximum le champ de notre investigation. L'elfe doit être un érudit, avec des compétences connues concernant les plans et notamment la Gisombre. En réfléchissant, Tillius a plusieurs candidats qui pourraient correspondre à ce type de profil, mais ce sont tous des enseignants comme lui. Nous lui demandons alors de voir si l'un de ces profils se serait absenté et n'aurait pas donné de cours durant une courte période correspondant à l'éclipse. Et notre intuition fut récompensée car une seule personne correspondait à tout nos critères, un professeur spécialisé dans l'étude des plans Cosmologique : le sorcier Aldran Al'Valar.
Nos recherches et vérifications nous ont conduit à visiter différents endroits de l'Académie, notamment la partie administrative et la bibliothèque. Nous cherchons alors à en savoir plus sur ce fameux elfe masqué en espérant trouver des écrits de sa main ou des représentations de lui, mais sans succès. La piste s'arrête ici mais il y a de fortes chances que cet Aldran se rende au bal de ce soir. Il ne sait pas que nous l'avons identifié, aussi il ne se méfiera pas.
Nous profitons encore des quelques heures qui nous sépare du bal et de notre présence dans la bibliothèque pour trouver des informations sur le Cor des Marchétoiles. Cet objet est suffisamment important pour l'avoir demandé en paiement à dame Laeria. Après quelques recherches, nous mettons la main sur un ouvrage traitant de l'époque de la grande migration dans lequel le cor semble y être mentionné en ces termes : Le premier être a avoir migré et être arrivé sur notre plan, une créature ancêtre des elfes, a marché depuis la Gisombre et a vu les étoiles. Il portait un Cor qui lui permettait de se rappeler de ses obligations féodales.
Ce premier voyageur, l'ancêtre des Marchétoiles, était donc le vassal de quelqu'un, ou de quelque chose en Gisombre. Peut-être que ce cor permet de prouver que son porteur bénéficie d'une protection ou de réclamer quelque chose en Gisombre. Les indices sont maigres, mais tout commence à s'assembler dans ce grand schéma : Gisombre, Corneille, Serment, Cor, Vassalité, Elathel...
Le soleil a déjà bien entamé sa course vers le soir lorsque nous sortons de la bibliothèque. Il va falloir nous préparer pour le bal afin de confondre Aldran Al'Valar et faire tomber les différents masques qu'il porte.